Virginie Modératrice
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Posté le: 05 Déc 2007 16:24 Sujet du message: La religion celte sans cliché ni fantasme |
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Citation: | De récentes découvertes présentent les rites des Celtes sous un nouveau jour. On y apprend que les Gaulois ne pratiquaient pas la religion dans les forêts et qu'ils avaient un rapport très particulier avec la mort et avec les cadavres d'ennemis. L'exposition temporaire qui se tient actuellement au Laténium, à Hauterive (NE), en témoigne
Les druides passaient-ils leur temps dans des forêts mystérieuses à cueillir le gui à l'aide de serpes d'or? Les Celtes étaient-ils des brutes sauvages pratiquant le sacrifice humain? Ces clichés, véhiculés dès l'époque romaine et repris en partie par les romantiques du XIXe siècle ou par la bande dessinée contemporaine, sont aujourd'hui remis en question par les archéologues.
Les fouilles des trente dernières années - notamment celles de plusieurs sanctuaires sur le territoire français et la mise au jour, l'an dernier en Suisse, du sanctuaire helvète d'Eclépens - témoignent en effet d'une réalité assez différente.
Cette histoire religieuse est aujourd'hui racontée au Laténium, à Neuchâtel. On a longtemps pensé que l'archéologie n'avait rien à dire sur la religion celtique. Ou pas grand-chose. Pour Marc-Antoine Kaeser, directeur du Laténium, les archéologues sont passablement restés «prisonniers des interprétations de deux mille ans de fantasmes véhiculés par les Grecs et les Romains». Mais grâce aux fouilles de plusieurs lieux de culte, les spécialistes du passé nous présentent désormais une nouvelle facette de la religion celtique.
Mises en scène d'ossements
Tout d'abord, celle-ci ne se pratiquait pas dans la forêt, comme le suggèrent les récits de l'historien romain Pline l'Ancien lorsqu'il décrit la cueillette du gui, mais dans des sanctuaires à la conception architecturale originale. Entre offrandes et sacrifices, mises en scène d'ossements humains et culte des ancêtres, les pratiques religieuses gauloises ont un arrière-goût macabre pour l'homme du XXIe siècle.
Une palissade en bois bordée d'un fossé plein d'ossements de chevaux et de restes humains. Une porte monumentale ornée de boucliers et d'épées et de crânes savamment sciés et formant des sortes de masques. Malgré son aspect militaire, l'enceinte est celle d'un sanctuaire, bâti au IIIe siècle av. J.-C., à Gournay-sur-Aronde (Picardie). A l'intérieur, un édifice cultuel abritait une fosse sacrificielle, où l'on laissait parfois pourrir la carcasse de l'animal mis à mort.
Le spectre du sacrifice humain
En plus du sacrifice traditionnel, ces fouilles ont révélé la pratique d'un autre rite: la désacralisation des armes prises à l'ennemi, attestée par la mise au jour de plus de 2000 armes rendues inutilisables et jetées dans des fosses.
D'autres rites de la victoire - plus impressionnants - sont connus en Gaule, notamment à Ribemont-sur-Ancre, dans la Somme. Tout semble montrer que les Celtes récupéraient les cadavres ennemis, leur tranchaient la tête et laissaient pourrir les corps décapités qu'ils fixaient, debout et en armes, aux poutres de bois d'un petit bâtiment.
Le sacrifice humain, un fantasme de Romain ? Même si ces rites étaient pratiqués sur des morts, les découvertes de Ribemont réveillent le spectre du sacrifice humain, dont on a beaucoup dit qu'il était pratiqué chez les Gaulois. Les archéologues s'interrogent aujourd'hui sur sa réalité. «Aucune société ne dit d'elle-même qu'elle pratique le sacrifice humain, nuance Marc-Antoine Kaeser. C'est quelque chose que l'autre, le barbare, pratique, mais jamais soi.»
Squelettes accroupis
Selon l'archéologue neuchâtelois, les squelettes, dont la position accroupie a longtemps suggéré que ces hommes avaient été sacrifiés, sont aujourd'hui compris comme étant les corps de personnages importants ensevelis de façon particulière - certaines figurines représentent en effet les dieux celtes dans cette position. Reste que le traitement infligé au corps des ennemis, et même des siens, a de quoi surprendre.
«Quand les Romains ont vu cela ou en ont entendu parler, ils ont fantasmé, explique le directeur du Laténium. Ils ont condamné la barbarie des Celtes pour mieux affirmer leur différence.» L'archéologie peut donc difficilement dire s'il y avait sacrifice humain.
Et s'il n'y avait qu'une chose à retenir de la religion celtique? «Les Celtes avaient un rapport à la mort qui doit nous questionner sur notre propre négation du monde des morts aujourd'hui», conclut sereinement Marc-Antoine Kaeser.
La déesse ourse vénérée près de Berne
Autre cliché auquel l'archéologie met fin: la religion gauloise n'a pas disparu après la conquête romaine. Plusieurs objets attestent en effet de la pérennité des cultes celtiques sous l'Empire, notamment en Suisse, près de Berne, où l'on a retrouvé une figurine de bronze, représentant la déesse ourse Artio . Une femme assise fait face à la divinité animale: «Il s'agit de sa traduction romaine, explique Marc-Antoine Kaeser, directeur du Laténium. L'objet, dédicacé par une femme de la noblesse romaine, est de belle facture, et quand on le retourne on constate que le personnage féminin a été ajouté; c'est aussi pour cela que l'arbre, à gauche, dépasse du socle.» Le culte de la déesse ourse près de Berne explique-t-il la présence de l'animal sur les armoiries du canton? Officiellement, non, car pour la petite histoire, le duc de Zähringen, fondateur de la ville, aurait tué un ours, «Bär» en allemand, d'où le nom et le symbole de la ville. Officieusement, la question mérite d'être posée, puisque l'on sait aujourd'hui que l'origine du nom Berne ne vient pas de «Bär», mais de la bourgade celte Brenodurum.
À VOIR
«Par Toutatis! La religion des Celtes», Laténium,
Parc et Musée d'archéologie, Hauterive (NE).
Jusqu'au 1er juin 2008. |
Pour les photos (dont un gobelet en argent de très bonne facture), voir le lien
source -http://www.lematin.ch/pages/home/loisirs/culture/loisirs_culture__2?contenu=335296 _________________ Vous trouverez plus dans les bois que dans les livres ; les arbres et les roches vous apprendront les choses que aucuns maîtres vous dira...
"Pour que la paix rayonne sur la Terre, commençons avec les enfants."
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