Toi
qui as vu mourir les tiens au cri des fusils…
Où sont tes larmes ?
Petite…
Les
gens que j'aperçois sont comme des vagues houleuses qui
s’approchent !
Elles éclatent sur le sable dans l'indifférence totale
!
Tous ses gens… naufragés...
Déchets craintifs... oubliés !
Les bras ballants, ils sont là… débordant de
crainte de peur, de faim et d'angoisse
Avec une douleur d’émigrés humiliés de
n'être plus rien
Petite…
Ils parlent le langage de la peur
Se sont des étrangers cherchant de port en port le droit d’être
Ils sont une plainte muette qui sort de l'histoire
Ils ont les bras tendus, les paumes fermées avec un rêve
de liberté qui leur tord les tripes
Ils sont d’une tristesse lourde, sans patrie, sans lieu qui
les retienne…
Absurde liberté !
Petite…
Ils
avancent avec un regard d’aveugle
Leur mort serré bien fort dans leurs mains
Aux confins de la vie là… où la lampe vacille
Leurs yeux sont des puits de solitude
Il n'est pas rare d'y voir sangloter des fantômes
Petite…
Te souviens-tu de la guerre, de la vie, de la mort ?
Qui a gagné ?
Tu ne sais pas ?
Tu restes là avec tes blessures… le regard désormais
aux abois
Les poings serrés à jamais dans la violence du silence
Mots que vent emporte, loin de la vie, au carrefour du non-retour
Petite…
Tu as des sanglots d'étoiles
Des cris vomis par le silence,
Dans des jours troués
Petite…
Ils
avancent sans avancer, échoués qu’ils sont
dans un monde d'épaves,
Ils sont seuls dans leur tête, seul comme un cri qui cherche
un abri
Leurs cris sont les mêmes que ceux des nouveau-nés
Petite…
Il ne reste que le chardon debout dans la douleur du jour
Il ne reste que la dernière note qui en s'éteignant
Renaît sous la rouille de la vengeance
Petite…
Ne regarder pas tous ses hommes qui se couchent sur la terre
Qui vont sans un cri la pénétrer et la nourrir d'eux
même !
La vision qu'ils ont du monde leur a fouetté le cœur
et l’esprit
Souvent… ils sont ceux qui meurent dans le vouloir devenir
!
Petite…
La
vie est comme une larme sur le récif de l’œil
Qui hésite, roule puis tombe faisant naître l’apaisement
!
Petite… Oh petite !