Ou encore :
Énigme des Vierges noires
L’auteur a consacré 20 ans de sa vie à la quête de ces “lumières de la nuit”. Il a étudié leurs origines, leurs cultes, leurs expressions et attitudes, leurs emplacements, leurs légendes et miracles. Puis, une douzaine de ces vierges noires font l’objet d’une description plus approfondie. Enfin, un chapitre est consacré aux vierges noires situées hors de France.
Auteur : Huynen Jacques
Editeur/label : Garnier
Et encore : ...dans le Tarot
La Papesse
Carte n° II, la Papesse apparaît assise comme une déesse. Voici comment elle est décrite :
« Elle cache sous un manteau bleu, à col et fermoir jaunes, sa longue robe rouge sur laquelle se croisent deux cordons jaunes ; symbole de la force de l'Esprit qui ne veut pas encore se manifester au-dehors [...] »
Comme telle, elle symbolise absolument le signe zodiacal de la Vierge, dans lequel l'hermétiste reconnaît le signe de la gestation ; l'Esprit est le Mercure et sa Force en est le Soufre rouge qui y est sublimé, en attente de sa prochaine réincrudation. Sur la Force, cf. Gardes du corps et Esprit Gobineau [Vices et Vertus de Notre-Dame de Paris]. Le livre qu'elle tient ouvert est à l'image de celui que tient la Philosophie, à côté d'un autre, fermé : c'est l'indice sur l'ouverture du métal, réalisée ici, en puissance dans le bas-relief de Notre-Dame. On écrit encore que :
« un voile blanc tombe sur ses épaules et sa tête se détache sur une draperie de couleur chair [...] Ce voile blanc fait penser à Isis [...] »
Nul doute que la Papesse soit d'essence chthnonienne à l'instar de Cérès et Perséphone, dont Fulcanelli disait qu'il s'agissait de trois têtes sous le même voile [sur Isis, cf. Chevreul, I]. On la compare encore à Junon ; nous opterions plutôt pour la grande déesse d'Asie Mineure, Cybèle et ceci pour plusieurs raisons : elle symbolise avant tout une prêtresse qui détient tous les secrets du Monde [par le livre ouvert qu'elle a, posé devant elle, qu'en conjecture on croit être le Livre des Livres]. En un sens, ce livre a le même sens que la pierre noire de Pessinonte, aérolithe qu'elle tient serrée dans sa main gauche. Quant au char de Cybèle, où deux lions sont attelés, on les devine ici dans les couleurs : la Papesse couvre en effet la Force [couleur rouge] et la Justice [couleur bleu] ; c'est nommer, indirectement, le Lion rouge et le Lion vert, c'est-à-dire Atalante et Hippoménès [cf. Atalanta fugiens]. Ou si l'on préfère, Existence [Lion rouge] et Essence [Lion vert]. M. Carneiro voit dans la Papesse une sorte de sphinx. Nous ne saurions lui donner tort : elle représente la Philosophie du Tarot. Il la compare encore à une Vierge noire ; c'est nommer indirectement Isis. Comme le dit Fulcanelli [Mystère des Cathédrales, p. 75], les statues d'Isis devinrent des Vierges noires lors de l'introduction du christianisme en Gaule :
« Isis, avant la conception, représente pour Bigarne [Considérations sur le culte d'Isis chez les Eduens, Beaune, 1862] l'attribut de la Vierge que plusieurs monuments désignent comme la Virgo paritura, c'est-à-dire la terre avant sa fécondation, et que les rayons du soleil vont bientôt animer. »
Sur la virgo paritura, cf. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10. Toujours selon Fulcanelli, ces Vierges Noires désigneraient :
« [...] la terre primitive, celle que l'artiste doit choisir pour sujet de son grand ouvrage. C'est la matière première à l'état de minerai, telle qu'elle sort des gîtes métallifères, profondément enfouie sous la masse rocheuse. » [Myst., p. 76]
Il suffit de lire l'un des recueils de Jacques-Joseph Ebelmen sur la décomposition des espèces minérales de la famille des silicates [cf. Mercure de nature] pour trouver immédiatement qu'elle est cette terre primitive. Et surtout pourquoi elle a droit à ce qualificatif de « primitive » qui ne pourrait se comprendre autrement. Aussi est-ce avec à propos que l'Adepte poursuit :
« La cathédrale de Chartres est la mieux partagée sous ce rapport ; elle en possède deux [les Vierges noires], l'une désignée sous le vocable expressif de Notre-Dame-sous-Terre, dans la crypte, est assise sur un trône dont le socle porte l'inscription déjà relevée : Virgini paritura ; l'autre, extérieure, appelée Notre-Dame-du-Pilier, occupe le centre d'une niche remplie d'ex voto sous forme de coeurs embrasés. » [Myst., p. 76]
N'est-ce pas là nous donner en quelque sorte le sujet et son objet ? Ne comprend-on pas que Notre-Dame-sous-Terre n'est autre que le principe même de cette terre primitive, celle dont Jollivet-Castelot, de façon très surprenante, donne le nom vulgaire dans son opuscule Comment on devient alchimiste, traité d'Hermétisme et d'Art spagyrique basé sur les règles du Tarot, cf. supra le Tarot des Bohémiens? Et que Notre-Dame-du-Pilier n'est autre que ce temple monolithe que Zosime de Panopolis exhorte l'étudiant à construire en albâtre et en céruse [cf. Prima materia], avant l'embrasement final qui, au vrai, est la réincrudation, comme l'Adepte le décrit en nous signalant ces coeurs embrasés. Signalons enfin que les feuillets du livre sont une indication quant à la nature du minéral dans lequel il faut rechercher notre terre primitive ; Nicolas Flamel y fait allusion quand il décrit l'aspect - tout à fait extraordinaire - du Livre d'Abraham Juif
HEUREUX QUI COMME ULYSSE A FAIT UN LONG ET BEAU VOYAGE...