Vont finir par y arriver au Sahara vert
(...) Les systèmes imageurs radar en orbite autour de la Terre permettent, dans certaines conditions, d'explorer le sous-sol des régions arides jusqu'à quelques mètres de profondeur.
C'est en assemblant et en analysant plusieurs centaines d'images radar du satellite japonais ALOS que les chercheurs de l'OASU ont mis en évidence le lit d'un ancien fleuve, caché sous quelques mètres de dépôts éoliens, qui entaillait les grès de l'est de la Libye sur plus d'un millier de kilomètres
Cet ancien système était constitué par la réunification de trois affluents: un issu du flanc est du massif du Tibesti, l'autre venant du massif de l'Uweinat, et le dernier provenant du massif du Gilf Kebir.
Les trois affluents traversaient le bassin de l'oasis de Kufrah dans le sud-est de la Libye, pour se rejoindre à hauteur de l'oasis en un lit unique, se dirigeant ensuite vers la côte Méditerranéenne.
Avant d'atteindre la mer Méditerranée, l'ancien fleuve s'élargit dans la région du Sarir Dalmah en un vaste delta, qui fut peut-être temporairement continental, à l'image de celui de l'Okavango au Botswana. Ce delta se situe au beau milieu des grandes dunes de sable du désert libyque: c'est là certainement la source de cette énorme quantité de sable qui couvre de vastes étendues en Libye et en Egypte.
Le système radar PALSAR perd ensuite le cours du fleuve, masqué par des dunes trop épaisses pour que le radar puisse les traverser. Cependant, un vaste chenal qui incise profondément la côte libyenne, et qui se connecte à la mer Méditerranée, est à nouveau détecté par le radar à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest du delta du Sarir Dalmah.
Aucune datation n'a été effectuée à ce jour pour connaître l'âge de cet ancien fleuve, mais il a été mis en place postérieurement à la surrection du massif du Tibesti, et a certainement été très actif lors de la crise du Messinien, il y a 5 à 6 millions d'années.
Des analyses géochimiques récentes montrent par ailleurs que des transferts de grandes quantités d'eau douce ont eu lieu entre le bassin de Kufrah et la mer Méditerranée il y a 125000 ans. Cet ancien fleuve a donc très certainement été actif du milieu du Miocène jusque récemment durant l'Holocène.
L'étude et la prise en compte d'un système hydrographique aussi important permettront de mieux comprendre l'histoire climatique récente du Sahara, ainsi que son impact sur la faune, la flore, et la dispersion des hominidés dans la région.
Source: CNRS / INSU