de Atil » 20 Sep 2008 21:49
Arthur et Merlin sont-ils des personnages historiques :
La légende arthurienne ne s'est en effet développée que petit à petit, partant de l'histoire pour se diriger vers le légendaire et le merveilleux et en brodant de plus en plus sur la réalité originelle.
L'étude des livres anciens permet de voir comment s'est constitué le cycle arthurien, années aprés années :
Strabon (58 av.JC-21 ap.JC) décrit déja, dans le livre 5de sa géographie, une ile d'abondance située au-dela des Celtes Namnètes (région de Nantes) et ou ne vivent que des femmes.
Plus tard Pomponius Mela essaiera d'identifier cette ile avec l'ile de Sein et Pline l'ancien (23-70), dans son "Histoire Naturelle" (IV, 95) évoquera Avallus, l'île d'où provient l'ambre.
C'est la le prototype de l'ile d'Avalon / Abalum / Emain Ablach en irlandais / Ynys Afallach en gallois / l"ile des pommes" au moyen-age. Cette ile symbolisait pour les celtes le monde des morts et les romans de la table ronde, plus tard, y verront le pays ou règne la fée Morgane. (Dans les légendes galloises, Morgane est identifiée à la déesse Modron, fille du dieu Avallach. Elle peut aussi être identifiée à Morrigane, déesse irlandaise de la guerre, du sexe et de la mort.)
Mais si la fée Morgane semble dérivée d'une divinité celtique, les autres personnages semblent bien être historiques, comme le prouve l'histoire :
- A partir de 410 ap.JC Rome abandonne officiellement la Grande Bretagne,
Selon le manuscrit Harleian MS 3859, c'est alors le chef militaire Coel Hen (Coelius Senior) qui organise la défense du pays contre les attaques de Pictes et de Scots dans le nord, vers Eburacum (York).
D'autres chefs militaires rassemblent les (grands-)Brelons dans le sud.
- Selon Jordanes, dans "Getica" (au 6ème siècle), un roi breton appelé Riothamus (Riotimus / Rigothamus / Rigotamos = "roi suprême") serait venu par bateau en Gaule pour aider l'empereur romain Anthemius aux prises avec les wizigoths. Il aurait mené son armée jusqu'à Bourges mais aurait été vaincu un peu plus loin à Déol en 469 ap.JC. Il se serait alors enfuit en Bourgogne, dans la région d'Avalon, ou on aurait perdu sa trace. (peut-être y a-t-il ici confusion volontaire entre la ville et l'ile mytique d'Avalon ?)
Il est possible qu'il corresponde au roi Rhiotham de Domnonée (Ricodam fils de Deroch, 435 ou 454-470 ou 520) qui, selon les textes bretons, aurait combattu des pillards de Bourges.
- Selon Gildas le sage (saint Gweltaz, 490-560 ap.JC) dans "De excidio et conquestu britanniae", un "tyran fier" aurait appelé les saxons en Grande-bretagne, et ceux-ci en auraient profité pour commencer la conquète du pays. Mais ensuite, un chef breton du nom d'Aurelius Ambrosius (Emrys Wledic / Emreis Gwledig = "Ambroise chef de la nation") les aurait arrété au mont Bodonicus (Badon / Bath / Badbury) vers 496 ap.JC.
- Aneirin, dans son poème "Gododdin" (vers 575-600 ap.JC), mentionne pour la 1ère fois un homme appelé Arthur.
- Le roi Uryen du Rheged et son fils Owein (vers 550-600) sont cités dans un poème du barde Taliesin. Bien que leur règne date d'aprés la mort d'Arthur (et de Taliesin) ils seront incorporés parmi les personnages présents dans les romans arthuriens.
- Adomnan (au 7ème siècle ap.Jc), dans la "Vita Coumbae", mentionne aussi un grand guerrier du nom d'Arturius.
- Selon Bède le vénérable (vers 731 ap.JC), dans "Historia Ecclesiastica gentis anglorum", Ambrosius Aurelianus était un empereur (au sens politique du terme) et on le surnommait "le dernier romain". Il aurait effectivement battu les saxons au mont Badon. Le nom du "tyran fier" qui les avait fait venir comme mercenaires en Bretagne était Vurtigern / Vurtigirnus / Vitalinus (Vortigern = "grand roi"). Ce Vortigern a du régner vers 425-457 ap.JC dans le sud de la Bretagne. Le nom d'"Artus" est également cité.
- A la même époque, plus au nord, au Manau-Gododdin, régnait Cunedda ap Edern / Cunedag / Cunetacius (vers 386-460 ap.JC). Ce dernier avait épousé la fille de Coel Hen et est ensuite parti s'installer en Vénédotie, au nord du pays de Galles, pour en chasser les pirates irlandais qui l'avait envahi. Il créera pour ses parents les royaumes de Gwynedd, de Cardigan et de Merioneth.
- Selon Nennius (vers 830), dans "Historia Britonum", Gwrtheyrn / Guortigirn (Vortigern) aurait rencontré un enfant sans père, un enfant prophète appelé Ambrosius (Embreiss Guletic = "Ambroise le chef") originaire du Glewissing (Glamorgan). En voyant un dragon blanc tuer un dragon rouge, ce dernier en aurait déduit que les Anglo-Saxons finiraient par vaincre les Bretons et par s'emparer de tout le pays.
Par la suite Vortigern sera renversé par un autre Ambrosius (dont l'enfant-prophète deviendra le conseiller) et mourra brûlé par le feu du ciel, ou alors le coeur éclaté, ou alors englouti par la terre ... En tout cas il disparaitra et on ne le retrouvera plus.
Mais il est possible qu'il se soit réfugié alors en Bretagne armoricaine ou il sera finalement reconnu comme "Saint Gurthiern". Selon la tradition, ce Gurthiern était un prince de Cornouailles qui fut chassé de son pays natal pour avoir tué son neveu. Il devint ermite en Bretagne armoricaine et créa un monastère sur l'île de Groix près de l'embourchure du Blavet (prés de Anaurot / Kimper-ellé / Quimperlé) vers l'an 500.
Nennius parle aussi d'Arthur qui n'est pas un roi mais un "dux bellorum" (chef de guerre). Ici c'est à lui qu'est attribuée la victoire du mont Badon vers 493, 496 ou 514. Il sera tué à la bataille de Camlann en 537 ap.JC (ou en 541 selon les annales irlandaises de Tigermach).
- Selon Nennius, dans "Mirabilis", Arthur avait un fils appelé Anir / Amr qu'il aurait fait exécuter :
"Là il y a un tombeau près d'une source nommée Licat Amr; et tel est le nom de l'homme qui est enterré dessous: Amr. C'était le fils d'Arthur le guerrier, et Arthur lui-même l'a tué et enseveli à cet endroit."
- Les "annales de Cambrie" (aprés 956) citent la victoire d'Artus au mont Badon en 516 et sa mort lors de la bataille de Camlaan en 537 / 539 contre Medraut.
- Vers la fin du 10ème siècle (?) le récit de "Kulhwch et Olwen" cite également le guerrier Arthur. Kaw et Huell sont cités avec lui.
- A la même époque, le poème "Preiddann Annwfn" ("le Sac de l'Au-Delà"), attribué à Taliésin, raconte comment Arthur est allé chercher un chaudron magique dans le monde de l'au-dela.
- Le livre "Vita Gildae" (écrit par Caradoc de Llancarfan, vers 1102) affirme que Saint Gildas serait parti protester auprés du "roi rebelle" Arthur aprés que celui-ci ait assassiné son frêre Hueil et fait exiler son père Kaw, roi de Strathclyde. Il aurait également assisté à une expédition menée par l'armée du "tyran" Arthur pour délivrer sa femme Guennuvar, prisonnière de Maelwas à Glastonbury au "pays de l'été" (Sommerset). En fait la ville de Glastonbury est nommée ici à cause d'une erreur d'étymologie : son nom est faussement traduit par "ville de verre" afin de l'identifier au "royaume de verre" ou régnait Maelwas. Il est possible également que ce passage parlant d'Arthur ait été rajouté tardivement à cet ouvrage.
On remarquera cependant que, dans un passage, Arthur est appelé "ursus", c'est à dire "ours" en latin. Hors il semble bien que son nom venait de "artu" qui signifie "ours" en celtique.
- Le livre racontant la vie de saint Cadoc et saint Carannog (par Lifris / Llefris de Llancarfan, vers 1105) cite le roi Arthur mais en le décrivant comme un tyran peu sympathique. Arthur aurait demandé à saint Carannog de délivrer le pays d'un dragon. Mais il aurait aussi convoité la mère de saint Cadoc (qui était semble-t-il un de ses conseillers) et aurait imposé à l'abbaye de Llancarfan de lui remettre un troupeau de bovidés pour la punir d'avoir donné asile à un certain Ligessauc. Ici cependant Arthur est dit régner conjointement avec un certain Cato / Cadwy. Ce dernier correspond certainement à Cado de Domnonée (482-537) qui était le fils de Geraint de Domnonée (Gerren Llyngesoc).
- Le livre racontant la vie de saint Patern / Padarn prétend qu'Arthur aurait tenté de s'emparer de la tunique précieuse que ce saint avait recu des byzantins.La aussi il apparait comme un tyran vénal.
- Selon Guillaume de Malmesbury (1090-1143), dans "Gesta Regum Anglorum" (vers 1125), c'est bien Arthur, qui aurait vaincu les anglo-saxons au mont Badon. Et comme on ne sait pas ou est sa tombe, il ajoute que certains croient qu'il reviendra un jour. Dans ce livre apparait aussi le nom de Gauvain, un des hommes d'Arthur.
- Selon Geoffroy de Monmouth (vers 1132-1138), dans "Historia regum britanniae", les Bretons du sud auraient élu comme chef, aprés le départ des Romains, un certain Constantin le béni (Cystennin Vendigeit). Ce dernier correspondait peut-être avec Constantin de Domnonée (mais il a pu aussi être confondu avec Constantin III, un légionnaire qui s'était emparé du pouvoir en Bretagne, Gaule et Ibérie et avait fait cessession de l'empire romain entre 407 et 411).
Son fils Constans / Constant lui succédera mais sera assassiné par le fameux Vortigern (Wertegirn / Gwrtheyrn / Guothigern) qui usurpera le pouvoir. Aurelius Ambrosius et Uter Pandragon (Uthyr), les frêres de Constant, s'enfuiront alors en Bretagne armoricaine (ou même jusqu'à Bourges ... ce qui fait que certains pensent qu'Aurelius Ambrosius ne ferait qu'un avec Rhiothamus).
La aussi intervient l'enfant prophète que Vortigern avait rencontré. Il était originaire de Camarthen dans le Dyved et était le fils d'une vierge, fille du roi de Démétie / Dyved et d'un incube (démon masculin). Son nom complet était MERLINUS Ambrosius ... c'est à dire MERLIN.
Ce Merlin Aidera ensuite Aurelius Ambrosius et Uther Pendragon à renverser Vortigern (tué dans l'incendie de sa forteresse). Merlin aidera aussi Uther Pendragon à faire un enfant (le futur ARTHUR) avec Ygerne / (Eigyr / Ingerna), la femme de Gorlois de Tintagel.
Arthur (Artorius) est probablement né vers 457 ap.JC. Son nom signifie "l'ours", ou "le terrible" ... ou tout simplement "le fils d'Uther". Il a succédé à son père vers 473 ap.JC et a participé à la bataille de Carohaise (Carhaix) en Bretagne armoricaine, contre les wizigoths. On apprend par Geoffroy que son épée portait le nom de "Caliburn". Finalement Arthur sera tué à la bataille de Camlann contre Mordred (l'amant de sa femme) en 542, et emporté sur l'ile d'Avalon, pour être "guéri",.. mais l'auteur ne dit pas par qui.
Cadwy est également cité (sous le nom de Cador / Cadorius de Cornouailles) mais ici il ne règne pas conjointement avec Arthur mais n'est plus qu'un vassal de haut rang. Il est le fils de Gorlois de Tintagel (ou de Cornouailles), et est donc ainsi le demi-frêre d'Arthur.
- On remarquera que le nom de Merlin n'était probablement à l'origine qu'un surnom d'Ambrosius. En effet ce dernier était originaire de Camarthen, hors le nom de cette ville était jadis Caer-Myrddin ou Caer-Fyrddin ... ce qui ne voulait pas dire "forteresse de Merlin" comme le croient certains, mais "forteresse de la mer" (du latin Castrum Moridunum). Ambrosius Merlinus c'était donc simplement "Ambroise de Camarthen".
En gallois, Merlin se dit Myrddin / Merddin (ce qui se prononce "Meurzinn"). En breton et en cornique il est appelé Merzinn / Morzhin ou Merzhin.
- Geoffroy de Monmouth (vers 1148 ou 1151), dans "Vita merlini", identifie Ambrosius Merlinus à un personnage complètement diférent à l'origine : un certain Merlinus (Myrddin Mereynum) de Dyved ou Démétie qui était le barde de Gwennolus (Gwendoleu) seigneur de Carwinley dans le nord de la (Grande-)Bretagne. Lorsque Gwendoleu a été tué à la bataille d'Arderyd (Arthuret) vers 533 ou 576 (ou 573 selon les annales de Cambrie), Merlinus est devenu fou et est parti vivre en ermite dans la forêt de Caledonia (Kalydon dans le sud de l'Écosse). Il délaissa sa femme Guendoloena (Gwendolyn) mais resta en correspondance avec sa soeur Ganieda (Gwendydd) qui deviendra une prophétesse comme lui. Son élève était le célèbre barde Thelgesinus (Taliesin) qui avait étudié en Bretagne armoricaine à l'ermitage de Gildas et avait même rapporté des nouvelles de la mystérieuse île des pommes (insula pomorum) gouvernée par Morgen (Morgane / Morgain) et ses 8 soeurs.
- Selon le moine Jocelyn (au 11ème siècle), dans "la vie de saint Kentigern", Kentigern (mort en 603 ou 612) aurait effectivement rencontré ce fou vivant dans les bois ... mais il ne l'appelait pas Merlin mais Lailoken (Vyrdin / Lallogan / Llallawc = "le jumeau"). Cet homme aurait été tué selon lui par les bergers du roi Meldred. (sa tombe serait située près du village de Drummelzier),
- Selon Robert de Thorigny (au 12ème siècle) il y avait bien deux personnages appelés Merlin :
-Merlinus Ambrosius (= Merlin Ambroise, l'enfant prophète).
-Merlinus sylvester (= Merlin des bois, le fou Llailoken).
- Les "Triades de l'Île de Bretagne" (Trioedd Ynys Prydein) rassemblées dans le "Livre Noir de Carmarthen" et le "Livre Rouge de Hergest" parlent aussi de Merlin (aprés 1115) :
- Selon la triade de l'ile de Bretagne n° 101, les trois principaux bardes furent :
- Merddin Emrys (= Merlin Ambroise).
- Merddin fils de Morvryn (= Llailoken, le fou des bois).
-Taliesin, le chef des bardes.
( à noter que selon les "Iolo manuscripts", contenant des traditions orales mises par écrit par iolo Morganawe au 18ème siècle, Merlin / Myrddin était aussi le fils d'un certain Morydd).
- Selon la triade de l'ile de Bretagne n° 113, Merlin (lequel des deux ?) serait mystérieusement disparu en mer alors qu'il était parti chercher la "maison de verre".
- Selon la triade n° 52, Arthur aurait été emprisonné par un certain Gwen Pendragon. Et il aurait été délivré par Goreu.
- Le "Livre Noir de Carmarthen" parle également du prince Geraint (Gerontius) de Devon. Bien que vivant au 8ème siècle, on l'a intégré parmi les personnages des romans arthuriens. Ce livre en fait un contemporain des "hommes de l'amherawdyr (empereur au sens militaire) Arthur".
- En Italie, dans la cathédrale de Modène (vers 1100), une sculpture représente le siège du chateau de Meleagant (Mordret / Maelwas) par l'armée d'Arthur. Les noms des personnages sont écrits et on y trouve : Artus de Bretania (Arthur), Isdernus (Edern), Che (Kaï / Keu / Caius), Galvagnus (Gauvain), Galvarius (Gauvarien), Burmaltus (Burmald), Mardoc (Mardoc) et Winlogée (Guenièvre /Jennifer, femme d'Arthur, appelée Winlogen / Winlowen en Bretagne armoricaine).
- Vers 1155, Robert Wace (1110-1175) écrit le "Roman de Brut" ou il décrit le règne d'Arthur (qui désire conquérir Rome). Il introduit Excalibur, l'épée d'Arthur, et parle d'une table ronde et d'une association de chevaliers (le prototype des chevaliers de la table ronde). Il explique aussi qu'Arthur attend en Avalon le jour ou il pourra revenir délivrer son peuple des Anglo-Saxons. Ce livre introduira la tradition courtoise dans les romans parlant d'Arthur.
- Vers 1160-1170, Béroul, Eihart von Oberge puis Frêre Robert introduisent le personnage de Drostan / Tristan.
- Vers 1170-1189, Marie de France et Thomas d'Angleterre développeront les personnages de Tristan et Yseut et joindront progressivement leurs aventures aux romans parlant du "roi" Arthur.
- Ensuite Chrétien de Troyes (1135-1185) passera de l'histoire à la fiction en ajoutant de nombreux chevaliers dans ses romans arthuriens. Par compte, il ne parlera pratiquement pas de Merlin :
- Vers 1170, Chrétien de Troyes écrit "Erec et Enide" : De nombreux nouveaux personnages apparaissent autour du roi Arthur. Ce sont souvent des héros (ou mêmes des divinités) tirées d'autres contes celtiques :
-Gerflet fils de Do (= Gilvaethwy fils de la déesse Don dans le "Mabinogion").
-Yder fils de Nut, amant de la reine (= Edern fils du dieu Nudd au pays de galles, = saint Edern en Bretagne armoricaine),
-Guigomar, seigneur d'Avalon et ami de la fée Morgane (= Guyomard, amant de Morgane = Guingamar, amant d'une fée selon le conte armoricain "La chasse au blanc porc").
-Maheloas (= Meleagant / Maelwas) seigneur de l'ile de verre..
- Vers 1176-1181, Chrétien de Troyes écrit "Lancelot, le chevalier à la charette" (Roman inachevé) : Pour la 1ère fois il est dit qu'Arthur siège à Camelot. Sa femme Guenièvre a été enlevée par Meleagant (maheloas) , le seigneur de royaume de Gorre d'ou nul ne revient (ou royaume de Vairre / verre = l'autre monde). Lancelot qui est amoureux d'elle ira la délivrer.
- Vers 1178-1181, Chrétien de Troyes écrit "Yvain (Owein), le chevalier au lion". Ce personnage a probablement été emprunté aux légendes pictes.
- Vers 1181-1191, Chrétien de Troyes écrit "Perceval / Le conte del graal" (Roman inachevé) : C'est le 1er livre à parler du Graal, de la lance qui saigne et du roi pêcheur.
- Plus tard, le pseudo-Wauchier de Denain écrira une suite au "Conte del Graal" ou il explique que le Graal est une sorte de corne d'abondance.
Puis Manessier écrira une suite de la suite.
- Robert de Boron écrit ensuite "Joseph d'Arimathie" vers 1160-1170, puis l'"Estoire dou Graal" vers 1186, ou il reparle de Merlin (celui qui est né d'une vierge). C'est lui qui dirige la table ronde et envoit les chevaliers chercher le Graal en Avalon.Cette fois le Graal est décrit comme étant le calice de la cène, et seul Galaad, le fils de lancelot, arrivera à voir ce qu'il y a dedans.
Dans ce livre est introduit le personnage de Blaise qui est le confesseur de la mère de Merlin.
- Vers 1190-1215 Robert de Boron écrit le Didot-Perceval ou l'on voit Merlin se retirer du monde avec son maitre l'ermite Blaise (Bleidd en gallois et Bleiz en breton = "loup". Ce nom vient probablement du loup gris qui accompagnait Merlin dans sa retraite forestière selon la "Vita Merlinis"). Blaise écrira les textes que lui dicte Merlin.
On apprend que le roi pêcheur serait Bron, le grand-père de Perceval et qu'il était tombé en léthargie car son petit-fils s'était assis sur le "siège périlleux", commettant ainsi un sacrilège . On apprend aussi qu'aprés sa mort, Arthur a été emporté sur l'ile d'Avalon par Morgane (il aurait été tué à 76 ans à la bataille de Camlann contre Mordret / Medraut / Modred / Medrawt, )
- En 1191, une tombe est retrouvée à Glastonbury et on l'identifia comme étant celle d'Arthur et de sa femme Guenièvre (Glastonbury étant assimilée à Avalon). En fait cette pseudo-découverte permettait surtout au roi d'Angleterre de montrer aux Gallois qu'Arthur était bien mort et qu'il ne reviendrait jamais chasser les Anglais de leur ile.
- Vers 1191-1212 est écrit Perlesvaut.
- Vers 1193, Ulrich von Zatzikhoven écrit "Lanzelot" . On apprend que la dame du lac a enlevé Lancelot enfant pour l'élever dans un chateau sous-marin. Plus tard elle le chargera d'aller délivrer son fils Mabuz. Dans ce roman, le roi Arthur n'est plus évoqué.
- Vers 1197-1218, Wolfram von Eschenbach écrit "Parzival" ou il explique que le Graal a été taillé dans une émeraude tombée du front de Lucifer, et qu'il permet de prolonger la vie. Selon lui il est gardé par les Templiers à Montsalvage ... ou plus exactement par les "Templistes" (Templeise) si on traduit correctement le mot allemand.
- Layamon écrit sa version du "Roman de Brut" (vers 1203) ou il donne le nom d'Argante à la fée qui soigne Arthur en Avalon.
- Vers 1205-1210, Gottfried von Strassburg écrit "Tristan und Isolde".
- Vers 1225-1228 est écrit la "Vulgate" qui regroupe l'"Histoire du Graal", "Merlin" et le "Lancelot en prose / Lancelot-Graal" (lui-même subdivisé en "Lancelot du Lac", "La quête du Saint Graal" et "La mort le roi Artu". Ce cycle est parfois considéré comme la traduction en prose d'un original latin du à Gautier Map (1137-1209).
Merlin y réapparait (le fils du diable et d'une vierge). Dans sa prophétie, le combat des deux dragons ne symbolise plus la victoire des Anglo-Saxons sur les Bretons mais celle d'Uther sur Vortigern. On apprend que Uther est né à Bourges et qu'il a combattu le roi Claudas de Bourges. Plus tard, Merlin fait couronner Arthur, crée les chevaliers de la table ronde et les envoit chercher le Graal (assiette dans laquelle Jésus a mangé).
Finalement Merlin sera enfermé dans une tour d'air par la fée Uiuiane (Viviane / Nymenche / Uimaine / Uimiane / Uiane), la dame du lac dont il était amoureux (et qui est la mère adoptive de Lancelot).. Quand à Morgane elle commence à devenir malfaisante envers Arthur et son épouse (qui s'était opposée à son amour avec un chevalier). Aprés sa mort, Morgane emportera le corps d'Arthur sur l'ile d'Avalon.
- Dans la "Suite de Merlin" dans le "Cycle post-Vulgate" (vers 1245) qui développe un des textes de la Vulgate, on apprend que l'épée d'Arthur s'appelait "Escalibor" et qu'elle lui avait été donnée par la dame du lac. On apprend aussi que Viviane, la dame du lac, a protégé Arthur contre Morgane qui voulait le faire périr.
- En 1270 Richard d’Irlande traduit les "Prophécies de Merlin".
- Vers 1330 est écrit "Sir Percival of Galles" en anglais.
- Vers 1340 est écrit le "Hanes Taliessin" ("Histoire de Taliesin").
- Vers 1370 est écrit "Sir Gawain and the green Knight" ("Gauvain et le chevalier vert").
- Vers 1469, Sir Thomas Malory écrit "la morte d'Arthus". Il explique que le roi pêcheur qui garde le Graal s'appelle Pellam et qu'il a été blessé par Balin. Ce dernier avait été banni par Arthur pour avoir décapité la 1ère dame du lac (qui voulait sa tête et celle de l'envoyée de Morgane d'Avalon). On apprend que l'épée Excalibur avait été donnée par cette 1ère dame du lac à Arthur pour remplacer l'épée Caliburn qu'il avait cassée. Elle lui sera reprise à sa mort par Nimue, la nouvelle dame du lac, qui emportera son corps à Avalon avec Morgane et les reines du Wasteland et de Northgales. Quand à Merlin il s'est retiré au Northumberland avec son maitre et biographe Bleise. Il disparaitra enfermé sous une pierre par Nimue / Nenive ( la dame du lac de Diane dans la forêt de Brosque en Bretagne armoricaine) dont il était amoureux.
- Dans le "Huth-Merlin" on reparle de Blaise, confesseur de la mère de Merlin, puis ami et biographe de Merlin. On dit aussi que Niviène (= "céleste") a enfermé Merlin sous une pierre tombale. On parle aussi de Viviane et des femmes d'Avalon et on reparle de Balin qui a blessé Pellehan le roi pêcheur.
Etc ...
Note :
Selon David Sims et Mick Baker, on pourrait remarquer certaines coincidences entre Arthur et ses parents et d'autres personnages. Ainsi Cunedda, dont nous avions déja parlé, aurait eu pour enfant Einion l'impétueux (Engenius / Yrth Pen Draig) qui lui aurait succédé sur le trone de Gwynedd vers 470-480). Son nom Yrth Pen Draig ressemble au nom d'Uther Pendragon (Uther tête de dragon) le père d'Arthur.
Yrth Pen Draig aurait eu pour enfant Owein aux dents blanches qui aurait été roi de Rhôs de 420 à 480 avant d'être assassiné par son neveu Maelgwyn / Maelgwn ... ce qui le rapproche d'Arthur qui avait été tué par son neveu Mordret.
Selon Gildas ce Maelgwyn serait mort de la peste jaune en 549 ou 551 (ou en 547 selon les annales de Cambrie).
Le fils d'Owein aurait été Cuneglas / Cynlas Goch fils de l'ours (selon Gildas) ... ce qui est troublant car le nom d'Arthur pouvait signifier "l'ours".
Et pour ceux qui douteraient encore qu'Arthur ait pu être à l'origine un homme historique, il faut noter aussi qu'on a retrouvé sous le chateau de Tintagel (qui date du 13ème siècle) les restes d'un chateau plus ancien dont une pierre portait une inscription latine datant du 6ème siècle ap.JC. Cette inscription comportait le nom d'ARTOGNOU (Arthur) ... ce qui confirmerait qu'Arthur était bien un personnage historique et que Tintagel était bien une de ses forteresses.