Est ce que quelqu'un aurait des infos ?
Merci d'avance
Modérateur: Les Chevaliers Gentils
Il y a en Corse un monde invisible qui double le nôtre et dont tout un peuple sent la présence.
La tradition magique des "Mazzeri", intercesseurs du divin dans une société qui a conservé ses pratiques ancestrales, est une plongée dans le monde fantastique de l'au-delà...
Le mazzeru est le "mal baptisé" aux yeux de la société. A cet égard il ne sera pas rare d'entendre dire à son sujet :
« Un he micca cristianu » (il n'est pas chrétien)
Le mot "cristianu" ayant en Corse plus la signification d'"humain" que de "chrétien" à proprement parler. Cela revenant à dire que ce dernier n'est pas tout à fait de ce monde.Dès lors, apparaîtra le trait essentiel de sa personnalité, la différence d'essence, qui fait de lui un être surnaturel, le lien entre l'au-delà et le monde des vivants.
Le mazzeru est un être ne semblant appartenir à aucun des deux mondes, il paraît en être la limite, l'espace où ces derniers se recoupent.
En Corse, la splendeur des paysages, leur solitude, leurs couleurs, les liens du ciel et de la montagne, la force de l'histoire et des traditions, l'isolement des villages ont contribué à la persistance pendant des siècles, voire des millénaires, de la tradition magique entre l'homme, la nature, le cosmos et l'au-delà.
Par pudeur, par volonté de laisser leur place aux mystères, par sens religieux, les gens d'ici ont attendu longtemps avant de parler de ce qu'on appelle le "Mazzerisme", c'est à dire ce don de prophétie funèbre qu'ont certains hommes et certaines femmes des régions profondes de l'Île. Les croyances mystérieuses et la connaissance de ces comportements magiques sont ancrés dans les racines les plus lointaines de
la Corse des origines.
Le nom de mazzera vient du verbe ammazza : tuer. Mais la mazzera ne tue pas : elle aimerait plutôt sauver, elle est une intermédiaire entre les morts et les vivants.
La mazzera n'est pas une sorcière, elle est plus proche des sybilles de l'Antiquité qui prédisaient l'avenir. Le mazzeru ou la mazzera n'ont aucun sentiment d'agressivité, ils n'ont aucun compte à régler, ils ne rentrent pas dans l'univers de la vendetta, ils n'en veulent à personne, même si bien sûr le village les craint et souvent les exclut.
Certaines nuits, la mazzera part dans la montagne, rien ne peut la retenir...
Elle tue le premier animal qu'elle rencontre et c'est quand elle se penche sur le cadavre qu'elle découvre à la place de la tête le visage de l'homme ou de la femme qui va mourir dans l'année.
Elle ne le dit jamais à la personne concernée mais à son entourage, afin que chacun veille à rendre le plus heureux possible les derniers jours du "condamné".
On dit que le plus souvent ces "chasseurs d'âmes" ne partent pas réellement dans le maquis. Tout se passe en rêve. Mais leur rêve macabre a une telle force qu'il est vécu comme une réalité.
Parfois aussi on imagine que le mazzeru possède un véritable don d'ubiquité. Il semble reposer dans son lit, mais au même moment son double parcourt la montagne.
En tout cas, que cette chasse soit rêvée ou réelle, personne n'a jamais pu suivre les mazzeri dans leurs courses nocturnes.
Si le "mazzerisme" demeure un mystère, il ne faut pas le rejeter comme une croyance archaïque, mais au contraire, tenter de le comprendre à la lumière des découvertes modernes sur le conscient et l'inconscient, le dédoublement de la personnalité, la transmission de la pensée, le rêve.
Et, sans aucun doute, le mazzerisme est une expression de ces sentiments universels et plus profondément méditerranéens:
Kan Rit Ar Norbert a écrit::shock:
??????????
Caisse à Co???
Peux-tu nous écrire d'où vient cet info?
Merci et bisous aux ch'tis!
— Le mazzeru ou la mazzera — puisque c'était indifféremment un homme ou une femme — avait le don de prédire la mort d'un membre de la communauté. Il la voyait en rêve ou lors de chasses nocturnes ou diurnes, elles-mêmes réelles ou rêvées. Ce n'était pas des dons cachés : tout le monde les connaissait. Aussi le mazzeru était-il craint de la communauté et, sans en être exclu, il vivait en marge ; il habitait à la lisière du village, car ses dons de voyance étaient souvent doublés de ceux de guérisseur. Quant à son importance sociale, elle ne pouvait être trop grande, ce qui se comprend aisément. La société le tolérait plus par crainte que par affection.
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