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— Mourir est aussi naturel que de naître.
Tout dans la nature naît et meurt. Cela fait partie des choses
qui ne changeront jamais.
Les gens qui ne respectent pas la vie, n'apprécient pas combien
il faut de conjonctures favorables pour que la vie soit. Il est tellement
plus facile d'ôter la vie que de la donner. Il est de loin plus
facile de mourir que de venir au monde.
— Mais! Maman qu'est ce que la mort ?
— La mort est une sorte de sommeil ! …
—
Oui! Mais quand je dors, le matin je me réveille! Les morts, eux,
ils ne se réveillent plus!
—
Vois-tu fils! Les Gentils ont une conception métaphysique qui
leur donnent à penser qu'il n'y a pas de mort véritable
et que nous renaissons à une autre vie, à plusieurs autres
vies.
—
Maman qu'est ce que cela veut dire métaphysique ?
—
La métaphysique de quelque chose, c'est une analyse critique qui
dégage les bases de l'activité humaine : vivre, mourir,
revenir. C'est le résultat de cette réflexion qui a donné à penser
aux Gentils que seule la réincarnation pouvait exister. Pour un
Gentil une seule vie pour être et accomplir ne peut suffire et
encore moins pour évoluer. Une vie ou même deux pour comprendre,
et d'autres pour devenir un humain bon, généreux, altruiste.
Tu vois ! Les questions que tu me poses aujourd'hui veulent dire que
tu as eu déjà d'autres vies…donc tu es dans celle
là pour commencer à te parfaire.
— Comment d'autres vies ?
—
Voilà ! Lorsque nous mourrons nous savons immédiatement
ce que nous n'avons pas su faire ou ce que nous aurions du faire dans
la vie que nous venons de vivre ; et nous choisissons aussitôt
le moment où nous reviendrons pour nous parfaire. Notre corps
disparaît, mais ce qui ne meurt jamais c'est notre esprit.
—
Alors, on ne doit plus faire de bêtises ?
—
Bien sûr que tu feras des bêtises, c'est normal que tu en
fasses. Cela sera à toi de comprendre si cela était bien
et nécessaire que d'en faire. C'est à travers ces bêtises
que tu grandiras.
—
Pourquoi on ne choisit pas de continuer la même vie ? Pourquoi
renaître de nouveau ?
—
Tu as raison cela paraît plus simple!
Mais prenons un exemple! Imagine quelqu'un qui serait un grand criminel
et qui aurait choisi parce que cela lui convient parfaitement de ne pas
changer ! Hé bien, cette personne vivrait éternellement
dans la méchanceté. Elle n'arrêterait plus de faire
des victimes ; pour elle, ce serait une façon pratique de tirer
profit de la mort des autres.
Notre esprit prend un certain temps pour passer d'une vie à une
autre. Cela lui permet de faire le bilan de ce qu'il a fait de bien ou
de mal en tant qu'humain. Notre vie future, nous la préparons
dans la vie présente et en fonction de nos agissements nous la
réussirons ou pas.
— Alors quand tout est mal, pourquoi on ne se suicide pas pour avoir vite
une autre vie meilleure ?
—
Que veut dire meilleure pour toi ? C'est avoir tout ce que tu veux sans
ne rien faire, c'est vivre riche, beau et en bonne santé ? Oui,
Pourquoi pas…mais il serait bien que cela soit ainsi pour tous
les humains… Penses-tu que cela puisse être ?
Je pense qu'il y aurait quand même des différences notoires.
Tu sais, dès qu'il y a machine, il y a obligatoirement problèmes.
Je vais te donner qu'un seul exemple! Pense aux voitures, elles sortent
de la même usine et pourtant certaines sont en panne, d'autres
pas. Le corps humain est une machine et rien d'autre. Tu vois, l'identique
ne peut exister. C'est notre réflexion et notre volonté de
faire ou ne pas faire qui nous donnera ce qui ne s'abîme pas :
un bel esprit.
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-2-
Pourquoi on ne se suicide pas
? Parce qu'il faut vivre sa vie jusqu'au bout. Imagine que tu vas à Paris en partant de
Marseille et que tu le fais en avion, tu mettras une heure. Juste le
temps de boire un verre et de dormir un peu. Maintenant, si le même
trajet, tu le fais à pied, tu mettras beaucoup plus de temps,
mais en fait, ce qui est important, c'est toutes les personnes que tu
rencontreras, tout ce qui se passera le long de ta route, et tous les
enseignements que tu en tireras utiles à ta progression. Aussi
vivre toute sa vie est fondamentale.
Donc : naître, vivre et mourir est utile à l'humain pour
se changer, et devenir meilleur.
— Alors, si je comprends bien : vieillir c'est indipensable ?
—
Mais oui mon chéri ! Chaque jour qui passe nous aide à comprendre
toute chose. Hélas, souvent une vie ne suffit pas !
Il est aussi important de retrouver un corps neuf ayant toutes ses facultés
physiques et psychiques pour accomplir toutes choses au mieux de nos
possibilités.
—
Maman, alors les animaux, les insectes, pourquoi ils ne vivent pas qu'une
seule et longue vie ? Eux aussi ils cherchent à se parfaire ?
—
Non je ne le crois pas! Ce n'est pas tout à fait la même
la chose! Les animaux font partie d'un écosystème : chaque
animal est le repas d'un autre, donc tous sont utiles à la vie
de l'autre. Mais ils n'ont pas la conscience de ce qu'est la mort, même
s'ils font attention à ne pas mourir. Cela s'appelle l'esprit
de conservation. Ce n'est que de l'instinct. Chacun donne sa vie pour
que l'autre vive.
Ce que ne fait pas l'humain même dans les choses les plus simples.
L'humain donne rarement sa vie, même s'il ne s'agit pas de mourir
pour que vive mieux l'autre. Quelque part les animaux sont un exemple
pour nous tous. Ils sont le don.
—
Dit "Man" où il va l'esprit quand on est mort ?
—
Pour retrouver un corps qui lui donnera de nouveau la possibilité de
vivre charnellement pour se parfaire encore et encore, l'esprit se met
en attente de trouver un bébé qui va naître dans
la famille qui lui donnera la vie qu'il lui convient. Ce choix ne se
fait pas en fonction du bien être qu'il va y trouver, mais en fonction
justement des difficultés ou des facilités qu'il trouvera
pour s'améliorer. C'est ce que nous appelons la réincarnation.
—
Mais là où il est, il ne peut pas se parfaire ?
—
Non ! Il ne peut le faire qu'en tant qu'humain! Car il se met en position
de rencontrer toutes choses utiles pour changer. S'il demeurait uniquement
sur ce plan, il ne pourrait évoluer, et resterait ce qu'il était
au moment de sa mort.
—
Alors, c'est pour ça que nous ne naissons pas égaux ?
—
Oui ! Contrairement à ce que les religions ont pu dire : dans
nos vies, il n'y a pas de punition à ce que nous avons fait, mais
un choix de vie que fait notre esprit, avec plus ou moins de difficultés
pour s'améliorer encore et encore, tant que nous ne comprenons
pas que l'humanité n'est qu'une grande fourmilière. Tu
vois chaque fourmi est consciente qu'elle n'existerait pas si l'autre
n'était pas là. L'humain, Lui, ne pense qu'à Lui.
Une fourmi te dirai t: « tu es l'autre et, l'autre est toi . Aussi,
aide l'autre, c'est toi que tu aideras. »
Il est là l'engagement de l'humain ! Comprendre que nous sommes
l'autre et que l'autre est soi. Car nous sommes issus d'une même
essence, d'un même corps, d'un même esprit. Nous sommes au
départ le même être qui s'est multiplié à l'infini.
Nous somme l'arbre, la feuille, le tronc et les racines. Nous sommes
le papillon et le ver de terre. Nous sommes le chat et le chien ; le
savant et l'idiot du village, le coureur de cent mètres et le
paralysé, le beau et le laid, le bon et le mauvais. Rien ne nous
est étranger. Rien au-dessus, rien au-dessous …………..
nous sommes.
- Alors, pourquoi on a peur de mourir ?
—
Tant que l'on ne met pas fin à ses jours volontairement. Mais
tu sais, mettre sa vie en danger, par exemple en conduisant vite, c'est
aussi du suicide. Donc, non ! On ne doit pas avoir peur de mourir : mais
on doit préserver la vie.
Tu sais ! Cela n'a pas été toujours ainsi ! C'est depuis
que l'on a parlé de paradis et d'enfer que les hommes ont peur.
Il y a encore aujourd'hui des ethnies où les Hommes n'ont pas
peur de mourir, tous les peuples qui croient en la réincarnation
n'ont pas peur.
— Pourquoi on pleure alors?
—
Tu sais si l'on doit pleurer, c'est quand on fait du mal à l'autre
pendant sa vie. Quand l'individu est mort : on pleure de ne plus le voir,
mais pas parce qu'il est mort.
— Dis maman, Papa et Toi, vous pleurerez si je meurs?
—
Oui, mon fils, nous serons malheureux de ne plus te voir. Nous pleurerons
ne plus pouvoir te serrer dans nos bras, de ne plus pouvoir t'embrasser.
Mais l'essentiel, ce n'est pas de savoir si nous pleurerons… L'important,
c'est que nous sachions faire tout notre possible pour que ta vie soit
la plus belle et, cela tant que tu vivras. Car tu nous as choisi comme
parents, pour ce que nous t'apporterons…et c'est une grande responsabilité que
tu nous as donnée. Mais en fait, tu nous as demandés d'être
aimé pour toi et non pour ce que tu seras, mais aussi pour que
nous nous améliorions. Tu ne nous appartiens pas. Nous t'appartenons.
—
Maman ! Mourir, c'est comme les vacances alors ? On attend la rentrée
pour travailler, des fois, on aime ce qu'on fait, des fois non, et puis
il y a les récrés.
© L. Lederrey-Ricard-Papin
Texte diffusable qu’après autorisation personnelle de
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