En marchant
calmement dans la nature ma pensée s’élargit, et je pense
qu’un des plus grands problèmes de l’homme
contemporain occidental est de se sentir éternellement
seul.
Il cherche à briser sa solitude ou plutôt
cet isolement, et dans le même temps il se
regroupe dans des villes tentaculaires, Etats dans
l’Etat avec sa propre sécurité,
ses propres lois. Plus il se regroupe, plus il est
seul.
Avez vous déjà entendu le silence dans
un métro bondé ? Le silence des êtres
dans la foule, le regard vide et le silence des âmes
qui semblent pourtant vivre très bien.
C’est un silence qui crie le désespoir
et l’isolement.
Vraiment étrange ce terrien.
Peu de personnes parlent avec leur coeur et dans
le même temps tout le monde achète des
téléphones ou des ordinateurs et pensent
communiquer et ce sont ces mêmes personnes
qui arrivent à expliquer aux autres comment
rompre la solitude comme s’ils étaient étrangers à eux-mêmes.
Se sentir
seul et isolé derrière un
ordinateur ou un téléphone comme barrière
de protection me fait penser à un fumeur qui
voudrait arrêter la cigarette, c’est
rien quand cela ne pèse pas, c’est l’Himalaya à franchir,
quand on ne sait pas par quel bout s’y prendre
et au plus nous voudrions, au plus notre mental nous
dit à quoi bon ? Parfois on se construit une
attitude de sagesse ainsi, seul sans écho à nous-mêmes.
Téléphone et Internet sont devenus
pires qu’un fossé, qu’un abysse,
il donne à l’homme l’illusion
parfaite d’être en accord avec lui-même
et avec l’Humanité toute entière.
Ils donnent l’impression de faire ce qu’il
faut et ce qu’il doit et surtout d’être
actif. Un clic mais sans bouger il a signé une
pétition et il s’est engagé,
un clic mais sans bouger, il fait une rencontre virtuelle
et a des centaines d’amis alors qu’il
ne dit pas bonjour et ne connaît pas la vingtaine
de voisins qui habitent près de chez lui,
un clic et il croit qu’il a un savoir encyclopédique
alors qu’il ne sait lire que les magazines...
Un clic et on lui dit quoi penser. Il devient de
plus en plus passif alors que paradoxalement il court
toute la journée.
Mais ne serait-ce pas cette fuite en avant
qui nous rend si vivants et importants ?
Elle
est là l’illusion :
- Plus je cours, moins j’ai de temps pour méditer
et pour prendre du recul sur ma vie et donc plus
je me laisse faire.
- Plus je suis assis et passif et moins
j’ai
envie de méditer et donc je me laisse faire
aussi
Avez-vous vu un Sage courir ainsi ? L’excitation
et la frénésie ne sont pas des synonymes
de Sagesse, pas plus que ne l’est la passivité.
Avez-vous vu un Sage être passif ?
Avez-vous vu un Sage être éternellement
seul et isolé ?
Comme
un nuage qui s’en va, comme un paysage
vert dans une ville, comme une oasis
dans un désert,
comme une fleur qui sort de la neige
: Ouvrir demain, avoir des mots vrais qui disent
bonjour à la
vie ! à la vraie vie, celle
qui veut dire lumière, échange,
partage, sincérité,
AMOUR
Ce sont ces
cris que chantent les Sages,
Mais savons-nous les entendre ?
Mais savons-nous les faire vivre
?
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